(Exercice de création « plagiat d’idées », avec Le paysage changeur, de Jacques Prévert)
Qui s’affranchit a la paix,
L’indépendance des dépendances,
La paix d’esprit que l’ouvrier, le citoyen n’a pas.
Sa paix c’est neuf à cinq et respirer deux jours sur sept
La paix achetée. La paix hebdomadaire.
La paix marchande de sable du salaire horaire.
La paix du THC récréatif.
La TPS, la TVQ, ton formulaire, ton permis, ton loyer.
L’ouvrier dans ses rêves parfois a la sainte calisse de paix.
Mais dès qu’y s’ouvre les yeux.
Fusillé, matraqué, bombardé, aggressé, rattrapé.
Par la paix de l’immédiat, du crédit, des médias H24.
Télé, téléphone, radio, médias sociaux, publicité, taux d’intérêts.
Quinze minutes de pause.
Un ti bonheur organisé avant de tout farmer pis aller travailler.
Texto, métro, boulot, dodo et les ouvriers reposent en paix.
La paix disciplinée.
La paix immobile, isolée.
La paix qui se parle pu.
La paix du deuil, du désespoir, du mysanthrope,
La paix dominatrice.
La paix des villes. La paix tout seul.
La paix de belles rangées d’condos identiques.
La paix blanche, la paix mur à mur, centralisée, anti-émeute.
La paix prison.
La paix du skinhead.
La thérapie, le régime, l’hygiène de vie, les mantras, les crédos.
Les épargnes.
La paix du p’tit bureau, qui s’trouve en haut.
La paix du mirador.
La paix d’un gun su’a tempe.
Les ouvriers sont libres.
Libres chiens bassinés, assis su des promesses.
C’est l’argent qui tient le lousse de corde.
Les cous, les couilles, les tranquilles, le Cheval de Troie.
Plaisir payant.
Plaisir artificiel.
Plaisir éphémère ou délétère. Le plaisir connecté, déconnecté, bien éclairé, maquillé, organisé.
L’argent du peuple.
La paix en dsour d’la table.
La paix des religions.
La paix des États-Unis.
La paix ségrégation.
La menace d’extinction.
L’absence de silence.
L’ouvrier fait sa tite affaire, écoeure personne, se fait assassiner à feu doux.
Après le burnout, la thérapie, l’hygiène de vie, connecté, déconnecté.
La thérapie des héros de pacotille.
La thérapie de la télé, du téléphone, radio, métro, boulot, dodo.
La thérapie d’la corde à linge.
La cure du coup d’poing sa yeule.
La thérapie des réseaux sociaux.
Plaisir irréfléchi, acquis d’office. Le jeu sans fin de l’argent.
La paix stressée ben raide.
La paix cachée dins vidanges.
Sans abris d’la crisse de paix. Le docile citoyen.
Accaparé, manipulé, paternisé, infantilisé.
Chante à son bébé des airs de publicités.
Matraqué, fusillé, bombardé, attaqué, agressé, mitraillé, atomisé.
Passe sa routine à patcher les bobos du tempo boulot dodo.
D’un coup y touche le fond.
Aux abysses de la dépression y trouve l’amour.
La paix franche et construite éclate aux esprits qui délurés brisent leurs chaînes.
Et brisé, défoncé, violenté, par la froide réalité. L’ouvrier se réveille.
Il retrouve le silence. La paix sauvage.
Le silence durable de la liberté.
Le silence des respects.
Le silence de la nature.
La paix mature.
L’amour investi. L’amour capable. La paix durable et partagée. La paix d’accueil, de l’amitié.
Le ti-Jésus qui paye la tournée.
La thérapie de la mort acceptée pis du bonheur d’offrir sa liberté.
La liberté du pelleteux d’nuages. Le fou d’audace. La fougue de la fierté.
Le repos du guerrier.
La paix d’esprit. La paix gagné. Le bonheur mérité d’offrir sa liberté.
Pis l’ouvrier, le citoyen, l’homo sapiens. Devint humain.
Si vis pacem. Para pacem.